Buenos Aires, le 4 avril 2016

 

« Le tango est une danse de bal qui se danse à deux. C'est une danse d'improvisation, au sens où les pas ne sont pas prévus à l'avance pour être répétés séquentiellement, mais où les deux partenaires marchent ensemble vers une direction impromptue à chaque instant. Un partenaire (traditionnellement l'homme) guide l'autre, qui suit en laissant aller naturellement son poids dans la marche, sans chercher à deviner les pas »

 

Voilà la définition de notre cher Wikipédia à propos du tango argentin. Triste retranscription factuelle d’un art si complexe et si mystérieusement magique que le tango ! Laissez-moi plutôt vous raconter NOTRE expérience de cette danse à Buenos Aires.

 

Le tango joue le rôle d’OVNI dans notre voyage sportif autour du monde. J’entends déjà vos quolibets : « Oui, mais c’est pas un sport le tango, pourquoi vous avez pas fait le foot ? » Et vous n’avez pas entièrement tort. On serait bien mal avisé d’aller dire à un argentin que le tango se résume à un sport. Dans ce pays, il prend une toute autre dimension. A la fois performance physique et art, il fait partie intégrante de la culture de ce pays si riche et si fier. Elevé au rang d’élément du patrimoine culturel immatériel, le tango fait rayonner l’Argentine à travers le monde et les âges. Alors on a bien fait gaffe à pas comparer ça de but en blanc avec le rugby par exemple ! On aurait pu se faire lyncher.

 


 

Pour autant, notre première rencontre avec le tango nous a confortés dans la pertinence de notre choix. Imaginez :

22h45 : La pièce dans laquelle on entre est immense. Décor vintage déstructuré, ambiance tamisée, atmosphère mystérieuse  où ne percent que quelques halos de lumières colorées. Les tables ont été déplacées pour mettre en valeur un espace vide au centre de la salle. Il fait chaud, l’activité est électrique, la soirée va commencer ! Heureusement pour nous, nous sommes accompagnés par deux nymphes du dancefloor Ludivine et Laura qui seront nos partenaires pour la soirée.

00h10 : Le cours est déjà bien entamé. Je marche encore sur le pied de Ludi. On entre en collision pour la 50e fois avec Malick et Laura. Mais on a l’impression de voler sur une piste de nuages qui désormais nous appartient ! Confirmation immédiate de Baptiste, cameraman d’un soir, on « gère grave »

00h30 : Allez on remballe les petits français qui occupaient l’espace et on laisse faire les pros ! On s’assoit docilement, il ne nous reste plus qu’à admirer ! Admirer quoi ? Tout simplement la fluidité avec laquelle les couples virevoltent sur la piste au rythme lent de la musique. L’aisance qui permet à deux corps de ne former plus qu’une ombre de sensualité à travers l’espace. C’est subjuguant !

02h00 : Nous ne détournons les yeux que pour une bouchée d’empanadas ou une gorgée de vin. « Regarde les deux-là, ils vont se pécho c’est sûr ! (accent du sud marqué) » Non, Laura, ils dansent c’est tout, même si c’est vrai que parfois leur visage sont un chouia trop proches l’un de l’autre. Progressivement, la soirée se termine, l’orchestre se replie et on redescend sur terre gentiment…

 

 


 

Après ça, difficile de ne pas être conquis. Le lendemain, on rend visite à Cacho et Patricia un couple qui enseigne le tango et nous explique tous les dessous de cet art. A l’origine, le tango naït grâce aux esclaves noirs d’Amérique latine qui imitent les danses de salon européennes et aux populations blanches qui singent les esclaves. Le tango se développe d’abord dans les bordels et se dansent principalement entre hommes à cause du manque de femmes à cette époque. Ce n’est qu’après s’être répandu en Europe que le tango connaît son ascension sociale et revient en Argentine avec ses lettres de noblesse.

 

Cacho fait partie d’une des dernières générations de l’âge d’or du tango argentin. Pendant longtemps, il est resté très impopulaire et démodé. Ce n’est que depuis les années 90 que les jeunes se remettent à faire du tango. Donc en gros aujourd’hui si vous vous mettez au tango, soit vous avez de la chance et vous avez une ribambelle d’argentines de 25ans hyper sensuelles, soit vous devenez l’étoile montante du club de rencontre du 3ème âge de Buenos Aires. C’est au choix !

  

 

Mais vous l’aurez compris, on ne peut que vous conseillez d’aller voir !

 

Mathieu