Des montagnes kirghizes aux plaines parisiennes

 

Ça y est, le voyage des Sportifs du Dimanche se termine ! On vous écrit depuis Reims, aux portes de Paris. De retour à la maison, il est temps de retrouver nos habitudes, notre confort et aussi peut-être de préparer un prochain voyage, qui sait. Quoi qu’il en soit, nos huit mois de tour du monde se clôturent par plus de 8000 km d’autostop parcourus le mois dernier depuis les montagnes du Kirghizstan d’Asie centrale jusqu’aux rives de la mer baltique à Saint Petersburg, avant de foncer tête baissée à travers l’Europe de l’Est.

 

Le voyage en autostop aura été le théâtre de bien des histoires dans ces pays à la fois exotiques et étrangement proches de nous. Mais il revient à Baptiste de vous en raconter les détails croustillants. Pour ma part, je me contenterai, si je peux dire, des grandes lignes. Plus d’un mois donc après avoir quitté les hauts sommets himalayens et avoir laissé notre ami Raphaël seul en Asie du sud-est, nous avons débarqué dans ce pays inconnu de tous qu’est le Kirghizstan. L’atlas peut vous aider à situer au besoin, mais il s’agit d’une de ces anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale dont le Kazakhstan de Borat reste le pays le plus connu de nos compatriotes. Qu’aller donc faire là-bas me direz-vous ? Et bien tout simplement, ces pays sont en train de s’ouvrir progressivement aux touristes, Kirghizstan en tête, et de plus en plus d’européens à la recherche d’une authenticité préservée sont prêts à se laisser tenter. Et je ne peux que vous encourager à faire de même. Le Kirghizstan est un pays plein de montagnes, de lacs et de plaines où les chevaux sauvages côtoient la population. Bien plus développé que de nombreux pays d’Asie, il est facile de s’y déplacer et de se perdre dans une nature digne des Alpes européennes et même parfois des sommets himalayens (7000m d’altitude) encore épargnée par les touristes. Même si elle a la fâcheuse tendance de tout écrire en cyrillique et de ne parler que le kirghize ou le russe, la population locale connaît une générosité et une hospitalité sans pareil. Les nombreuses personnes qui nous ont accueilli nous ont fait partager leur culture, leur nourriture et leurs habitudes. Ceci fera de ce pays l’un de mes préféré de notre voyage. Pendant 10 jours donc, nous avons fait le tour du lac Issykul, principal lac du pays aux rives parfois sauvages, parfois aménagées en vraies cités balnéaires russes. Nous nous sommes arrêtés à Karakol, ville la plus à l’est du pays à la frontière avec la Chine pour quelques jours de rando. Passer un col à 3000m et atteindre un magnifique lac de montagne perdu entre de superbes vallées était aussi un moyen d’éviter de s’infliger la défaite de la finale de l’Euro. Ce qui finalement n’était pas plus mal…

 

Nous avons ensuite décidé de prendre le chemin le plus court jusqu’à… Moscou. Un passage par le Kazakhstan s’est donc imposé. 3000km de désert ponctués de quelques villes soviétiques tout droit sorties de notre imaginaire communiste comme Kyzylorda ou la fameuse Baïkonour. En quelques jours, nous avons découvert le quotidien des kazakhs, la solitude et la chaleur des steppes à pertes de vue, les routes de 1000km sans virage, les chameaux qui peuplent les abords de la célèbre et recherchée mer d’Aral, ainsi que des mosquées richement décorées, héritages des anciennes routes de la soie.

 

 

Mais très rapidement, la Russie était là, à portée de main. Après une longue attente pour obtenir un délicat visa russe au Népal, le pays s’est avéré très accueillant et reposant dans notre course à l’autostop. Samara, ville russe par excellence nous a permis de prendre un bain dans la célèbre Volga. Puis Moscou nous a montré sa fameuse Place Rouge, son Kremlin, et le Mausolée de notre ami Lénine. On a pu alors jouer les gros touristes, le routard dans une main, l’appareil photo dans l’autre à arpenter les rues de la capitale, puis celle de Saint Pétersburg. Étonnement, on s’est découvert une passion fugace pour les musées, comme celui de l’Ermitage, et les styles architecturaux des églises et cathédrales orthodoxes. 

 

Puis nous sommes rentrés dans cette magnifique évolution diplomatique qu'est l'espace Schengen par la Lettonie. Joie pour moi qui retrouve enfin des repères européens, déception pour Baptiste qui était devenu en un mois expert linguiste russophone. Mais à partir de là, le retour fut une formalité : plus de passage de frontières, plus de visa et quasiment pas de changement de monnaie. Un vrai bonheur ! D'aucuns seront outrés par ce passage éclair en Europe de l'Est, mais comprenez nous, Papa et Maman nous attendent à la maison à l'heure qu'il est. Considérons donc ça comme un avant-goût de voyage : la Pologne traversée en une après-midi, une soirée dans le centre de Prague, des pointes à 220km/h dans les collines de Bavière !

 

Un retour progressif à notre chère civilisation européenne, donc, que nous avons vécue à travers un passage au peigne fin des stations d’autoroute, des abords de nationales et autres voies rapides européennes parcourues par des files de camions sans fin et sans but. En une petite dizaine de jours, la France était là. Aucune fanfare à la frontière pour saluer notre retour tant attendu, aucun applaudissement des passants dans la rue ou de chaleureuses félicitations du président de la République pour avoir rejoint enfin notre chère patrie. Mais on n’est quand même pas mécontent de se retrouver à la maison. Et puis je suis certain que Malick a organisé une grande cérémonie nationale sur les Champs Elysées pour notre arrivée dans la capitale donc je ne suis pas trop inquiet ! 

 

 

Mathieu