Rappelons-le, nous sommes partis pour s’offrir plus que le monde : c’est la variété, la soif du divers et les surprises que nous recherchions ! Mais le divers se mérite : il faut le chercher, le trouver, l’entretenir sinon l’enchantement s’effrite. Déclencher l’anecdote ! C’est peut-être le secret d’un voyage réussi. Chacun a sa méthode, la nôtre sera dans le mode de voyage : les transports publics en Afrique de l’est, la voiture en Afrique du Sud ou la sédentarisation au Brésil. Ce sera donc le vélo en Argentine !

 

Le projet est simplissime, il se résume en sept chiffres :

             -   7 jours,

             -   6 étapes,

             -   500km,

             -   4 sportifs des Toloose Lautrekk,

             -    3475m : col à franchir,

             -    2 : nombre de caleçons par personne pour ces 7 jours

 

            -   1 : le nombre de sac à dos (contenance 10L) que chacun a pu se permettre d’emporter.

1er étape:

Salta -> El Maray, 78km, 900m de dénivelé positif

 

Nous sommes parties avec une seule certitude : les deux premiers jours seraient les plus ardus. Il y avait deux façons de réaliser notre tour andin : franchir le col de 3475m en deux jours ou le franchir en 7. Tout naturellement nous avons opté pour la première option pensant innocemment que si nous franchissions le col en deux jours alors nous n’aurions plus qu’à descendre les 5 jours suivants.

Nous n’avions pas tort, mais nous avions sous-estimé la terrible « cuesta del Obispo ». Les 37 premiers kilomètres nous laissèrent vifs et optimistes : avec une moyenne de 18km/h nous nous sentions parés à la plus raide des ascensions. Les 40km suivants nous remirent de l’ordre dans les idées. Mais c’est avec courage et persévérance que nous avons parcouru les carrières salteñennes et les routes montagneuses de Pulares et d’Animas. A la fois canyoneuses et verdoyantes, les routes sinueuses que nous empruntâmes ce jour la composèrent un incipit prometteur à notre voyage.

 

Nous passâmes la soirée à El Maray, un refuge pour camionneurs au pied de « la cuesta del Obispo » ou nous dégustâmes la meilleure milanesa du voyage en compagnie des lamas.

2e étape:

El Maray -> Cachi, 80km, 1300m de dénivelé positif

 

 

Ce fut la journée émotion du voyage, le défi de chacun, notre Alpe d’Huez à nous: 1300m de dénivelé positif sur 22km poétiquement baptisés « la cuesta del Obispo ». Je vous l’accorde, nommer un calvaire « pente du prêtre » est quelque peu ironique. Mais nous la montâmes cette côte, en 4h et 23 minutes exactement. Heureux fûmes! car au bout de 4h et 24 minutes d’ascension acharnée, le ciel nous tomba sur la tête: pluie et grêle nous forcèrent à s’abriter dans une chapelle afin de se réchauffer à la lueur des chandelles laissées par les pélerins argentins à l’occasion de la semaine sainte. Après une accalmie, nous pûmes y aller et nous avalâmes les 60km suivants. C’est donc avec fierté et accomplissement que nous arrivâmes à Cachi.

3e étape:

Cachi -> Molinos, 40km

 

 

Etape repos, étape dodo c’est avec sérénité que nous nous sommes enfoncés sur la piste du Paris – Dakar Argentin en compagnie de Christian, champion argentin de Mountain Bike que nous avons rencontré fortuitement en auberge et qui s’est proposé de nous accompagner. Après 42km sans anicroche, Molinos s’approche et c’est dans ce village digne d’un épisode de Zorro que nous passerons la nuit.

 

4e étape:

Molinos -> Angastaco, 50km

 

 

Nous traversons pampa, déserts et mers de piments. Au loin, les roches semblent avoir été peignées à la brosse. Si nous n’étions en Argentine, je penserais rouler sur la route 66. Détail important dont je regrette l’omission: la piste que nous suivons a pour sobriquet « la ruta del vino ». C’est donc par souci de curiosité et d’ouverture d’esprit que nous décidons de faire une pause dans une bodega afin d’évaluer la qualité des cépages argentins considérés par beaucoup comme parmi les meilleurs cépages d’Amérique. Puis nous arrivons à Angastaco. Pour les aficionados, Angastaco ressemble à Tataouine. Pour les autres, imaginez-vous un paysage désertique, rocheux et lunaire, un village aux rues pleines de poussières et de bâtiments aux murs clairs. A la lisière du village, des dômes semblent surgir du désert: sont-ce des maisons ou des tannières ? Je vous laisse en juger par vous-même J

5e étape:

Angastaco -> Cafayate, 80km

 

 

Une étape plus délicate car c’est sur du sable et une piste friable que nous parcourons les premiers 60km. Nous patinons, nous avançons et miracle ! L’asphalte, pas de halte, cette vision exalte notre vigueur ! Cela fait trois jours que nous roulons sur de la piste, on en profite, on file et on arrive en quelques heures seulement à Cafayate.

Pour se féliciter, nous goûtons les délicieuses glaces de grand-mère au vin banc et vin rouge, puis nous prenons le chemin de la bodega secreta, première bodega de la région mis en place dans la seconde partie du 19e siècle par des familles bordelaises. Curiosité œnologique : un vin rouge doux. Oui c’est original, c’est incongru, c’est « dégueulasse » dira Alex, « ça a le mérite d’exister » dira Baptiste, une chose est sure : ça titille les papilles !

6e étape:

Cafayate -> Colonel Moldes, 125km

 

 

L’avant dernière étape est quelque peu délicate: nous ne savons pas où dormir et il n’y a qu’un moyen de logement tous les 80km (j’exagère mais à peine). Nos vélos filent et fusent, sur le côté de la route, les kilomètres défilent. Avec une moyenne de 20km/h sur les premiers kilomètres nous traversons le canyon des « tres cruces », la « garganta del diablo » et autres phénomènes naturels tous aussi impressionnants les uns que les autres. Parvenus au 80e km, nous décidons de prendre une pause dans la ville fantôme d’Alemania ou nous apprenons qu’il y a une ville étape à 15km de là : la Vina ! Parfait, nous y allons. Malheureusement, la Vina ne propose que deux types hébergement : le « complexo municipal » fort miséreux et la « Hospedaje de Martin et Miguel » fort onéreux. Que faire ? Le soleil se couche, l’air se rafraîchit et il nous faut trouver gîte et couverts. Prochaine ville ? à 30 km ? Et bien ce sera la prochaine ville. C’est ainsi qu’après 95km d’étape, fourbu mais pas abattu, nous reprîmes la route afin de réaliser notre plus grande étape du voyage : 125km. Et bien sans risque, je peux affirmer au nom de groupe que ce fut aussi la meilleure nuit de notre voyage.

Sprint final:

Colonel Moldes -> Salta, 70km

 

Nous mîmes 4h.

 

Route un peu périlleuse qui sans aucun doute modifiera l’attention que nous porterons aux cyclistes à l’avenir. Nous arrivâmes sans encombre à Salta ou nous célébrâmes notre exploit autour d’un big mac et d’un mac flurry !

 

                                                                                                                                                                                                                Malick