Dix jours de méditation au Cambodge

 

« Mais quelle idée d’aller s’enfermer dans un monastère à l’autre bout du monde ! »

« Donc ça y est, tu es devenu un illuminé converti au bouddhisme radical ? »

 

Rien de tout ça, les amis, et laissez-moi d’abord recontextualiser cette expérience. Baptiste étant parti en Birmanie, je cherchais quelque chose de différent au Cambodge pour cette partie du voyage en solo. Et l’option de la méditation m’est apparue comme le parfait équilibre entre l’introspection et l’immersion dans une culture très répandue en Asie du Sud-Est. Pour ça je n’ai pas été déçu !

 

En quoi consiste donc ce stage de méditation, appelée la méditation Vipassana ? C’est assez simple et ça fait assez peur. Pendant 10 jours complets (et je vous assure que c’est long), on s’enferme dans un temple pour se consacrer uniquement à la méditation selon des règles précises. Les hommes et les femmes sont donc scrupuleusement séparés. Le vœu de silence est de rigueur, ce qui implique même qu’aucune communication physique ou visuelle avec les autres élèves n’est autorisée. Les miroirs sont absents (si si c’est déstabilisant), et on laisse à l’entrée tout moyen de lecture, d’écriture ou de communication avec l’extérieur. Vous verrez donc peu de photos de cet endroit J

 

Dit comme ça, ça ressemble à une prison hein ? Et ça n’en est pas loin, en effet, puisque ma chambre ressemblait fortement à une cellule et que les seules distractions sont les promenades dans la cour intérieure ou les repas seul devant son plateau en inox. Ajoutons à cela que les journées sont rythmées par le gong traditionnel à partir de 4h du matin et qu’elles ne se terminent qu’après 11 longues heures de méditation, où l’on reste assis sans bouger un orteil à observer tantôt sa respiration, tantôt des sensations un peu partout sur son corps.

 

Pourquoi donc s’infliger pareille torture me direz-vous ? Et bien parce que j’ai découvert que la méditation (du moins la technique qui y était enseignée) peut vous en apprendre beaucoup sur vous-mêmes. D’une manière non-religieuse et même plutôt pragmatique et scientifique, on nous apprend une vision particulière de la relation entre le corps et l’esprit. Il ne s’agit pas d’une technique de relaxation ou d’apaisement. La méditation s’est avérée très difficile pour moi pour la concentration et la rigueur qu’elle demande. Mais elle m’a permis d’écouter et de comprendre un peu mieux mon corps et comment il réagit au monde extérieur et au bordel qu’il y a dans ma tête. Se concentrer sur soi permet étonnement d’aiguiser sa conscience du moment présent tout en étant plus maître de ses émotions. De ce point de vue, c’est déjà pas mal, non ?

  

Quoiqu’il en soit, malgré toutes les difficultés, l’envie d’abandonner, la chaleur cambodgienne et les moustiques, c’était une expérience incroyable. Impossible de ne pas sortir de ces dix jours exténué mais heureux de l’accomplissement, un peu comme après un marathon. Ça m’a presque donné envie de continuer à méditer dans mon quotidien dis donc. Je le conseillerais même à n’importe qui du moment qu’il se sent prêt à essayer. Et pas besoin d’être un crack en délires « méditationnels » auparavant ! Je n’étais moi-même pas DU TOUT initié.

 

Mathieu