Le passage des frontières

Passer une frontière ? Pour les européens que nous sommes, c'est chose banale. Toutefois, le récit de notre voyage entre le Malawi et l'Afrique du Sud vaut le détour. Désolé pour le manque de photos, mais c'était tendu de sortir l'appareil !

 

 

Premier jour, on quitte Lilongwe, vers 5h du matin, dans un bus bien bondé pour atteindre la frontière du Mozambique. Les passagers font une drôle de tête et on va vite comprendre pourquoi. Les douaniers du Mozambique sont juste des personnes détestables, un passager nous dit : "for them, we are like animals". Chaque passager met dans son passeport quelques billets afin que les formalités se passent plus vite. Mais, pour nous, ce sera plus compliqué... 

 

Le douanier nous annonce que le visa coûte 75 dollars. Avec du recul, je pense que c'était le vrai prix mais la façon dont il nous l'a dit, nous a fait penser à une jolie petite arnaque. Dès lors, en voyant tout le monde le corrompre, je me dis que j'ai rien à perdre et je mets des billets dans mon passeport en lui redonnant. Triste échec ! Il me renvoie à mes dollars. 

 

S'attendant à devoir payer en dollars, on avait essayé d'en trouver dans tout les bureaux de change de Lilongwe le jour d'avant. Mais sachez qu'au Malawi, il est impossible de trouver des dollars en dehors du marché noir. C'est donc avec ces derniers (un peu cher, je vous l'avoue) qu'on paie notre douanier. 

 

A ce moment là, celui-ci nous dit que faire le visa ne sera pas possible car il n'y a plus d'électricité dans le bâtiment. On doit dès lors attendre ("combien de temps ?" / "attendez dehors on vous dira") au risque de voir notre bus repartir. La chance qu'on a est qu'ils sont loin d'être plus sympas avec les autres passagers (et que eux aussi, ça prend beaucoup de temps). L'électricité revient et on arrive à faire les visas.

 

Une fois le bus reparti, on est arrêté à deux reprises par des policiers qui vérifient tous les passeports. Au second arrêt, le policier prend arbitrairement 10 passeports dans le bus (dont celui de Mathieu et Malick mais pas le mien) et va s'asseoir dans une guérite. Les passagers qui se sont fait prendre leur passeport sortent pour le "racheter" en donnant quelques billets. Pour nous, c'est niet, on donnera rien ! Après une longue argumentation, le sergent nous explique que nous n'avons pas de tampons qui témoignent de notre sortie de la France et qu'il faut donc casquer pour qu'il puisse se payer des drinks (mais pas des mauvais des "good drinks" donc il faut donner de gros billets). On refuse en bloc et ils abandonnent... On repart tels des héros en faisant marrer tout notre bus. 

 

Bref, on ne gardera pas un souvenir impérissable du Mozambique (dont la langue nationale est le portugais!) et nous arrivons au Zimbabwe où les formalités douanières seront bien plus claires et simples. On passe comme une lettre à la poste (moyennant 30 dollars de visas quand même). Et tout à notre joie, on explique au conducteur du bus que ce sera easy en Afrique du Sud puisqu'on a pas de visa à prendre.

 

Ahhhh... C'est beau l'espoir. On arrive vers 4h du matin à la frontière du Zimbabwe et de l'Afrique du Sud et on fait une queue de 112 mètres (enfin 112 de mes grands pas) pour tamponner notre visa de sortie. Puis, on passe en Afrique du Sud où près de la moitié de notre bus décide de passer la frontière par ses propres moyens. Un des passagers nous explique qu'ils ont des problèmes de visas et qu'ils vont s'en sortir en donnant des billets à certains douaniers. Mais pour nous, si l'on veut pas payer, il faut passer avec notre bus et donc attendre que les bus devant nous passent. 6 heures plus tard, les formalités sont accomplies (moment troublant aux douanes où ils ont fait passer les blancs devant!). 

 

Et nous voilà en Afrique du Sud, premier arrêt : un KFC. A nous la civilisation !

 

Baptiste